La plupart des pays sont constitués à partir d’une population possédant des caractéristiques communes, telles que la langue, la religion, la culture, la descendance ethnique, les valeurs, l’histoire, etc. Bien qu’une majorité ne soit elle-même pas totalement homogène, le partage de traits similaires chez un nombre suffisant d’individus permet l’identification à un même peuple.
Souvent, plusieurs minorités cohabitent pacifiquement avec la majorité sur un territoire donné; toutefois, cette cohabitation peut aussi susciter de fortes tensions. La façon dont une société répond aux questions posées par le vivre ensemble de diverses communautés culturelles détermine la politique de gestion de la diversité qu’elle adoptera.
Dans le cas des pays qui reçoivent des immigrants, plusieurs choix sont possibles, dépendamment de l’attitude des migrants (rapprochement ou éloignement envers la communauté d’accueil ) et de celle de la population locale (rejet ou acceptation des nouveaux venus).
Le multiculturalisme canadien
Au Canada, la notion du multiculturalisme a été enchâssée dans la Charte canadienne des droits et libertés en 1982 et la Loi sur le multiculturalisme canadien a été sanctionné en 1988.
Cette loi vise à: « reconnaître le fait que le multiculturalisme reflète la diversité culturelle et raciale de la société canadienne et se traduit par la liberté, pour tous ses membres, de maintenir, de valoriser et de partager leur patrimoine culturel, ainsi qu’à sensibiliser la population à ce fait »;
*Autrement dit, on privilégie le maintien de la culture d’origine des immigrants installés au Canada.
L’interculturalisme québécois
Au Québec, la gestion de la diversité culturelle passe plutôt par le prisme de l’interculturalisme. Bien qu’aucune définition ne fasse pas l’unanimité, voici celle de l’interculturalisme proposée par Gérard Bouchard et Charles Taylor:
«Politique ou modèle préconisant des rapports harmonieux entre cultures, fondés sur l’échange intensif et axés sur un mode d’intégration qui ne cherche pas à abolir les différences, tout en favorisant la formation d’une identité commune. »
*En d’autres mots, on encourage le mélange de la culture d’ici avec celle des individus venus d’ailleurs.
Chacun de ces modèles comporte ses avantages et ses inconvénients.
Et vous, vous sentez-vous davantage MULTI ou INTER?
Il est bien intéressant de souligner la différence qu’il y a entre ces 2 façons de voir les choses. Je dirais qu’au fil des années, je n’ai entendu parler que du multiculturalisme. Ce n’est que récemment que j’ai entendu parler de l’interculturalisme, et ce, à la télévision. Ceci étant dit, je crois être interculturaliste et je crois l’avoir toujours été. Je dirais même que j’ai été élevé dans un esprit interculturaliste. L’interculturalisme est probablement plus québécois que canadien.
Merci Caroline pour ces définitions qui me poussent à la réflexion!
Née en France de parents originaires de l’Europe de l’Est, ayant migré professionnellement en Suisse pendant plusieurs années, avant d’immigrer au Québec, j’ai surtout l’impression d’avoir connu le modèle de l’INTER, même si les hélvètes me semblent davantage MULTI.
Quoiqu’il en soit, la ligne semble très mince dans la pratique entre ces 2 définitions.
À l’époque de la Yougoslavie sous le régime de Tito, les minorités avait leurs écoles dans leur langue maternelle tout en se considérant yougoslave (= « slave du sud ») avec une idéologie tellement forte, qu’encore aujourd’hui, une partie de cette diaspora s’y reconnait.
Il me semble que la France, comme le Québec, prônent l’INTER mais ce serait à analyser plus profondément!
Pour exemple, la France a élaboré son identité commune autour de l’Île de France, région du « Roi », tout en respectant les traditions régionales mais en interdisant les dialectes et patois.
Toutefois, aujourd’hui, le MULTI semble, de plus en plus, être réclamé. Dans certaines régions, comme en Bretagne, l’enseignement de la langue bretonne est réhabilitée. Dans d’autres, certains immigrants de 2e et 3e génération entretiennent leurs différences sur le territoire français, sans aucun « sentiment d’appartenance » à la culture française.
Pour ce qui est du Québec, son histoire a commencé dans une volonté INTER mais la pratique donne, de plus en plus, d’exemples MULTI: les accommodements raisonnables, les quartiers ethniques dans certaines villes, etc.
Pour ce qui est de la Suisse, c’est un territoire quasiment aussi hybride que la Yougoslavie, sauf que la religion reste chrétienne et donne une plus grande homogénéité. Toutefois, il me semble y observer une pratique intense du MULTI par le fait de 3 principales régions linguistiques, ayant chacune des cantons aux identités très différentes. Exemple: Genève et Vaud, 2 cantons de la Suisse francophone.
Il ne me semble pas que l’INTER y soit une volonté.
Parmi tous ces modèles, lequel me correspond le plus?
La réponse me demande réflexion!
Je pense que j’ai une idéologie INTER mais dans la pratique, le MULTI m’a démontré plus d’efficacité pour vivre en harmonie sans brimer les origines de chacun!
Pour finir, voici 2 liens citant Boucar Diouf, au sujet de ces territoires où plusieurs cultures se mêlent:
– Analogie aux moutons:
http://www.lapresse.ca/debats/nos-collaborateurs/boucar-diouf/201310/18/01-4701221-vive-le-quebec-metisse-serre.php
– Analogie aux Soccer / Sperme:
http://zonevideo.telequebec.tv/media/7460/boucar-diouf/les-francs-tireurs